Français en Belgique

Thierry Masson : « Elu local de terrain, le conseiller des Français de l’étranger doit être un interlocuteur sur la sécurité. »

Thierry Masson : "Elu local de terrain, le conseiller des Français de l’étranger doit être un interlocuteur sur la sécurité."

Les récentes agressions protéiformes auxquelles nous avons été confrontés requièrent de nos représentants politiques qu’ils soient à l’écoute, qu’ils communiquent et qu’ils envisagent, aux côtés des Français et des administrations concernées, des mesures d’atténuation efficaces.

La COVID-19

Notre quotidien s’est trouvé bouleversé par la pandémie de Covid-19 comme jamais depuis 1918 et l’arrivée de la grippe espagnole. Incertitude face à la maladie, mise à l’arrêt des économies, interdiction des voyages non-essentiels, autant d’épreuves qui ont éprouvé la résilience de nos compatriotes ces derniers mois.

Les différentes règles en matière d’accès aux soins, de vaccination, de capacité de nous réunir, de déplacements d’un État membre à l’autre, voire d’une région à l’autre, ont suscité d’immenses interrogations. L’accès rapide à une information pertinente et compréhensible est devenue une préoccupation majeure.

En collaboration avec mon collègue conseiller consulaire et colistier, Jérémy Michel, j’ai saisi dès le 11 mars 2020 Madame l’Ambassadrice de France en Belgique afin que soit organisée au plus vite une réunion du comité de sécurité de l’Ambassade (lien). Nous avons ensuite régulièrement informé nos compatriotes pour leur fournir des informations fiables sur l’évolution de la situation.

L’un des grands enjeux du déconfinement est de garantir l’avenir de notre modèle de société ouverte et progressiste, tout en se préparant à d’éventuelles reprises de l’épidémie. Il faut expliquer et organiser avec les Français les ripostes aux menaces sanitaires, et préserver l’activité économique et les libertés individuelles, notamment de circulation.

Le terrorisme

La vague de terrorisme qui touche à nouveau la France depuis 2010 et la Belgique depuis 2014 a testé leur solidarité et l’Esprit de défense des Français, c’est à dire la capacité d’une population à faire preuve de résilience et à combattre l’adversité.

L’hommage rendu à Samuel Paty devant le Consulat de Bruxelles en octobre dernier (lien) par les Françaises et les Français de Belgique a révélé toute l’émotion que ce drame a provoquée chez nos concitoyens et leur attachement à l’héritage des Hussards noirs de la République.

Cette menace terroriste, bien que diffuse, ne s’est pas dissipée et pourrait à nouveau frapper notamment les communautés françaises expatriées en Belgique ou frontalières. La confiance bilatérale franco-belge en matière de renseignement et la qualité de la coopération entre les services des pays membres de l’Union européenne permettent de renforcer la sécurité de nos concitoyens. Il leur faut aussi des relais locaux de confiance pour les aider à préparer et affronter ces menaces.

Les phénomènes de délinquance

La délinquance intermédiaire, se matérialisant par des escroqueries, des crimes à caractère sexuel, des violences faites aux femmes, homophobes ou transphobes ou de la violence sur la voie publique, est aussi source d’angoisse pour nos concitoyens dans leur vie quotidienne.

Les chiffres de la délinquance ont montré une augmentation significative dans toutes les grandes villes de Belgique (et en province) entre 2019 et 2020 et restent, avec les chiffres français (et espagnol), très élevés comparé au reste de l’Europe (lien).

Nous devons prendre en compte ces données pour rassurer les Françaises et les Français résidant ou travaillant en Belgique. Il est nécessaire que les autorités françaises les informent sur la manière dont la menace est évaluée, comment les services de police (attachés de sécurité intérieure) coopèrent avec les autorités belges et quelles mesures d’atténuation sont déployées afin de réduire le risque d’exposition de nos concitoyens à ces phénomènes de délinquance.

Les Françaises et les Français victimes de violences conjugales doivent aussi pouvoir trouver refuge et de l’aide auprès des autorités consulaires.

La digitalisation des menaces

La cybercriminalité, peut toucher tous les citoyens connectés ainsi que les organisations (administrations, PME, grands groupes). Cette forme de malice est renforcée par nos nouvelles habitudes de vie, profondément bouleversées par le confinement, la digitalisation du travail, le télétravail et notre empreinte en ligne toujours croissante.

Là encore, il faudrait expliquer le travail des autorités françaises et belges avec Europol pour lutter contre ces menaces. Les citoyens et entreprises français confrontés à ce type de situations devraient aussi pouvoir être aiguillés par les autorités consulaires, et épaulés dans les situations les plus sérieuses.

Le conseiller des Français de l’étranger, un interlocuteur pour votre sécurité

Parce qu’il est avant tout un élu local de terrain, le conseiller des Français de l’étranger se doit d’être également un interlocuteur de nos concitoyens pour tout ce qui touche à la sécurité.

Il participe au comité de sécurité réunissant le consulat, l’Ambassade, le Centre de crise fédéral belge et élus. Il peut, lors de ces réunions, agir pour récolter, recouper et disséminer les décisions prises au niveau européen, national, en Belgique et en France, afin de les expliquer intelligiblement aux Françaises et aux Français établis outre-quiévrain ou travailleurs transfrontaliers.

Il fait aussi figure de relais, susceptible d’actionner des réseaux et de faire remonter les préoccupations individuelles des Françaises et des Français ou de prendre contact avec les autorités françaises.

Ceci s’il joue son rôle à plein. C’est pourquoi nous appelons à reconnaître le rôle des conseillers des Français de l’étranger, à organiser des réunions plus fréquentes et plus opérationnelles du comité de sécurité et demandons d’y examiner avec attention les problématiques susmentionnées.

Nous croyons que la solidarité autour des questions de sécurité augmente la cohésion de la communauté des Français de Belgique. Si la peur et l’angoisse peuvent figer, elles peuvent aussi unir les âmes. De chaque crise découle des retours d’expériences sur lesquels il faut capitaliser afin d’améliorer notre capacité à comprendre et à anticiper ces problématiques afin d’avancer, ensemble.

Le conseiller des Français de l’étranger doit être au cœur de ce dispositif.